San Juan Del Sur, les totues Olive Ridley

2 Janvier 2012

On déjeune à El Gatto Negro, établissement tenu par un couple d'américain.
C'est le point de rencontre des expatriés du coin venant offrir leur service aux voyageurs de passage.


La carte est intéressante, aucune chance de trouver du Gallo Pinto, c'est du full Yankee. L'ambiance est plaisante, on est entouré d'œuvres artistiques et de bouquins que l'on peut acheter ou louer. On a accès à internet, le mot de passe en dit long sur l’état s’esprit des propriétaires: MakeArtNotWar
Tout est importé des States ou d'Europe sauf le café cultivé de manière naturelle dans une finca au nord du pays, près de la frontière du Honduras.


Ensuite on se rend dans un hôtel repéré la veille qui était full : Casa Romano. Il s'agit d'un hôtel familial. On a de la chance, il y a une chambre de libre.


On déménage illico presto, puis nous partons à la découverte de San Juan. Ici tout ramène au surf, les plages des alentours sont très prisées tant par les amateurs que par les professionnels. Il est également possible de prendre des cours.


Loin d’être des amateurs de surf, le motif de notre séjour à San Juan Del Sur est l'observation des tortues qui viennent pondre chaque année sur une plage proche de la frontière avec le Costa Rica.



Nous nous rendons à la Casa Oro, toute proche de notre hôtel, pour s'informer. Une visite guidée par une employée de la réserve est programmée pour ce soir 20h00. On prend soins de nous avertir que les chances de voir une tortue adulte sont infimes. La saison va de juillet à janvier, en janvier, on peut observer l'éclosion des œufs et le rallye des petites tortues vers la mer.



L'après midi farniente sur la plage de San Juan Del Sur, la journée passe très vite. Demain nous reprendrons probablement la route pour Ometepe, notre prochaine étape.


A 20h00 nous nous présentons à la Casa Oro.
La soirée débute par une présentation de 30 minutes. Une employée " del Refugio de Vida Silvestre La flor" super passionnée par son travail, nous sensibilise sur tout ce qui touche à la vie des tortues.
Elle nous fait part des prédateurs et des nombreux dangers qui menacent ces tortues marine protégées par la "Loi de sauvegarde et de gestion de la flore et de la faune sauvage".
Ensuite nous montons à l'arrière d'un camion pour nous rendre dans la réserve naturelle toute proche de la frontière du Costa Rica.
La route est très accidentée, nous parcourons les 20 km en un peu plus de 45 minutes.
C'est un des principaux endroits ou les tortues "olive ridley" en voie d'extinction viennent pondre. Ce sont de petites tortues, les plus grandes peuvent mesurer entre 60 à 70 cm et pèsent maximum 45 kg. Durant la haute saison, des flottes de plusieurs milliers de tortues débarquent sur cette plage, là ou elles sont nées, pour pondre jusqu'à une centaine d'œufs. Certaines d'entre elles reviennent jusqu'à trois sur l'année.
Arrivé à destination, nous recevons une petite lampe émettant un rayon lumineux rouge, moins dérangeant pour les tortues. Nous partons ensuite en file indienne sur la plage. On marche très prudemment … on fait attention ou l'on dépose les pieds car le risque d’écraser un petit bébé tortue est omniprésent. On ne se le pardonnerait pas surtout quant on pense à l’énergie qu’il a dépensé pour se libérer de sa coquille et remonter à la surface ... tout ça pour finir sous les pieds d’un touriste qui n’a rien perdu là! Sans parler de l'effort titanesque qu'il doit encore accomplir pour rallier l'océan. On vous épargne les statistiques concernant le nombre de tortues qui arrivent à prendre le large.
Lorsqu'un nid est repéré, un garde creuse dans le sable afin de leur donner un coup de pouce. La profondeur est d'environ 40 cm. Marchant sur la plage, on assiste avec beaucoup d'émotion au parcours de ces petites tortues qui d'instinct se dirigent vers la mer.


Elles doivent faire face à plusieurs obstacles, comme ces trous dans lesquelles elles tombent et desquels elles ne peuvent sortir seules. Ceux-ci sont creusés par les crabes qui dévorent ensuite leur proie prise au piège. Nous rebouchons ces trous et par moment libérons des tortues piégées.


Outres les crabes, elles sont également la proie des chiens, serpents, oiseaux … sans oublier l'homme qui attribue à ces œufs un pouvoir aphrodisiaque.

Nous marchons un long moment à la recherche d'une tortue adulte mais en vain!
Vers 23h30, nous assistons à ce qui sera pour nous le moment inoubliable de cette soirée.
Notre guide repère quelques grains de sables en mouvement, c'est un nid. Ces grains de sables sont déplacés par la première tortue qui est arrivée à se libérer et essaye péniblement de sortir la tête du sable. Au bout de quelques minutes, on voit émerger une petite tête, ensuite deux nageoires qu'elle agite pour s'extirper du sable. Elle lutte également car en-dessous ça se bouscule au portillon. On en voit deux, puis cinq ... ça ne s'arrête plus. Elles se bousculent, montent l'une sur l'autre, c'est une lutte fratricide.


Et puis ensuite c’est la course vers l'océan ... c'était très émouvant.

Il est 1 heure du matin quand nous sommes de retour à l'hôtel.